Je ne surprendrai probablement personne en disant que cette année fut différente. La pandémie nous a tous touchés et n’a pas non plus épargné le concours Spievam po francúzsky (« je chante en français »). Même s‘il s’est déroulé déjà en ligne l’année dernière, cette année a été encore plus spéciale. L’isolement de plus de douze mois nous a contraints à redessiner nos priorités et à chercher de nouvelles solutions créatives à des problèmes que nous n’avions pas connus jusqu’à maintenant. L’enseignement en ligne s’est avéré, pour beaucoup d’entre nous, nettement plus exigeant en temps et en énergie que l’enseignement classique et l’interdiction de sortir a restreint de manière significative l’organisation des répétitions pour beaucoup de groupes. Néanmoins, les participants de cette édition ont heureusement accepté ce défi et ont démontré par leurs enregistrements non seulement leur engouement pour la langue et la culture françaises, mais également leur détermination, leur verve et leur capacité à trouver leur propre chemin en proposant des versions originales et de qualité.

Quand Thomas Laurent, directeur de l’Alliance Française de Banská Bystrica et responsable du concours, m’a contactée au mois de novembre pour me demander si je souhaitais participer, je lui ai répondu que je n’aurais pas le temps.

J’étais, toutefois, vraiment désolée car je n’ai que d’excellents souvenirs de ce concours (j’ai réussi à remporter la deuxième place lors de la finale internationale à Ostrava en 2016). Je suis revenue sur ma décision lorsque j’ai appris que la date d’inscription avait été prolongée. J’ai alors décidé de participer ! Mais quelques secondes plus tard, mon enthousiasme est redescendu : mes amies du groupe avec lequel nous avons joué des concerts pour l‘Alliance Française à Banská Bystrica n’étaient pas disponibles, en plus je n’ai pas pratiqué sérieusement le piano depuis une bonne dizaine d’années et les quatre accords que j’arrive à jouer à la guitare ne seraient probablement pas suffisants non plus. À ce moment-là, une idée m’est venue. A capella. Mon cerveau a chauffé d’un coup. J’ai besoin d‘un rythme.

Je ne maîtrise pas le beatbox et je n’ai ni batterie ni cajon. Réfléchis, réfléchis ! Boum, boum, le rythme, bam, bam… un verre !

J’ai effectivement appris au cours de mes études secondaires à battre le rythme avec un verre. Bon, la question du rythme est résolue. Maintenant, il me reste encore à trouver une chanson qui irait avec ce rythme. J’ai pris un verre entre les mains et j’ai essayé différentes chansons. Après plusieurs essais, j’ai finalement trouvé la chanson parfaite : « Je te déteste » de Vianney. À chaque fois que mon mari ou mes parents sortaient se promener avec mes enfants (et parfois même quand les enfants étaient avec moi), j’ai ouvert mon ordinateur portable et enregistré une version avec plusieurs voix pour avoir une idée sur la conception globale de la chanson. J’ai envoyé cette version aux filles du groupe, j’ai pris en compte leurs propositions d’amélioration et j’ai convenu d’une date d’enregistrement avec mon frère, qui a construit un petit studio dans son appartement. Nous n’avions pas beaucoup de temps, l’enregistrement a été interrompu par un orage et par les pauses-déjeuner du bébé, mais nous avons réussi à enregistrer seize pistes audio et sept pistes vidéo en environ sept heures pendant deux jours. Le montage final n’était heureusement plus de mon ressort, ce rôle revenait à mon frère, et nous avons pu envoyer l’enregistrement quelques minutes avant la date butoir.

Pendant trois semaines, en attendant les résultats, j’ai ressenti des émotions variées.

La curiosité, pour savoir comment les autres participants avaient conçu leurs enregistrements ; la joie, puisque j’ai réussi à finaliser mon enregistrement dans des conditions difficiles ; l’inquiétude, savoir si c’était vraiment une bonne idée. J’ai été très surprise par les résultats, et très enchantée, bien sûr. Je n’arrivais même pas à croire que j’avais pu gagner la finale internationale dans ma catégorie ! Je suis surtout heureuse qu’on ait pu démontrer une fois encore qu’il fallait tout faire de façon authentique, avec son cœur, et que des moments difficiles pouvaient justement nous mener jusqu’à nos meilleures performances. Les interprètes de cette édition en sont la preuve.

Auteure : Katarína Höhnová

Retour sur la finale en ligne du concours de la chanson francophone Spievam po francúzsky 2021