Le programme de l’exposition retient les oeuvres des artistes suivants : Melanie Bonajo (NL), Gerard Ortin Castellví (ES), Anetta Mona Chişa (SK), Annalee Davis (BB), Ferenc Gróf avec Jean-Baptiste Naudy (FR), Oto Hudec (SK), Marzia Migliora (IT), MyVillages (UK), Ilona Németh (SK), Uriel Orlow (CH), Prabhakar Pachpute (IN), Alicja Rogalska (PL). Commissaires : Maja et Reuben Fowkes.

À propos de l’exposition

Le but de l’exposition Potential Agrarianisms (Agrarianismes potentiels) est de diversifier l’agriculture et de pluraliser son histoire, de restaurer le passé paysan refoulé et d’éveiller ses possibilités non réalisées, de rompre la dichotomie entre l’urbain et le rural, de corriger l’aliénation au monde naturel et de restaurer une relation bienveillante et réciproque avec le sol et plantes qui nous nourrissent.

L’événement explore des alternatives au système mondialisé d’agriculture industrielle, qui est basé sur une recette brevetée d’additifs chimiques, de pesticides nocifs et de semences génétiquement modifiées cultivées intensivement par des machines à combustibles fossiles. En même temps, il révèle ses origines dans les plantations coloniales et ses racines dans le capitalisme minier. La redécouverte et la remise en cause d’une attitude consciente envers le sol remet en cause l’expansion incessante de l’agriculture intensive, qui promettait une nouvelle ère d’abondance mais l’épuisement de la vitalité naturelle du sol, en menaçant la biodiversité et en contribuant au changement climatique, il sape désormais ses propres objectifs. Sur la base de perspectives féministes, post-socialistes, noires, indigènes et surhumaines, les artistes de cette exposition proposent des réformes agraires visant à la réparation et à l’avenir, pour parvenir à un changement social et écologique juste.

L’ampleur planétaire de la transformation des méthodes agricoles et de la vie rurale depuis la colonisation de l’Amérique et l’avènement de l’industrie moderne est symbolisée par les trajectoires parallèles de la canne à sucre et de la betterave à sucre, dont l’histoire potentielle est réactivée par les artistes de l’exposition. Le constat de la théoricienne décoloniste Ariella Aïshy Azoulay que « l’histoire potentielle ne corrige pas les mondes touchés par la violence, mais remonte à l’instant d’avant la violence et vient de là », témoigne également des problèmes sociaux et environnementaux imbriqués du pays.

Les artistes de l’exposition remontent jusqu’à la période précédant les plantations en monoculture, avant la rupture de la mosaïque de petites fermes biologiques, rupture qui a effacé des siècles de connaissances sur les plantes et avant même que le maïs génétiquement modifié ne remplace les variétés cultivées par les premières nations.

Ils veulent indiquer qu’une autre voie agraire était et est encore possible.

Ces pratiques artistiques suggèrent que pour créer des actions correctives, il est nécessaire de comprendre la complexité et l’interdépendance des efforts agraires, dans lesquels tous les êtres terrestres sont en jeu, la prospérité des plantes, la vitalité des sols et le bien-être de la Terre.

Un autre courant qui traverse l’exposition est la prise de conscience que l’histoire potentielle de la transformation en Europe de l’Est après 1989 a peut-être eu un cours différent.

C’est le résultat d’une recherche collaborative et d’un projet éditorial d’Ilona Németh,  Eastern Sugar , qui a souligné la disparition de l’industrie sucrière dans la région en raison de la marchandisation néolibérale et de l’opportunisme financier.

Sur la base de l’histoire révolutionnaire significative de la région et de la réactivation de son héritage encourageant de soulèvements paysans, les agrarianismes potentiels indiquent une convergence avec de nombreuses formes de révolution nécessaires pour faire face à la crise environnementale, dans laquelle l’agriculture intensive a un rôle inaliénable.

Dans l’attente que « la révolution arrive », les protagonistes de la  Ferme des animaux se demandent : « Y aura-t-il encore du sucre après la révolution ?», révélant la tension entre l’anxiété existentielle face à l’avenir à venir et la volonté de changer.

Evenement co-financé par le programme Europe Creative de l’Union Européenne

Maja et Ruben Fowkes

A propos des artistes : Ferenc Gróf avec Jean-Baptiste Naudy

Société Réaliste, est une « coopérative parisienne de production artistique » constituée de Ferenc Gróf et Jean Baptiste Naudy créée en 2004. Ils explorent les récits de l’histoire, l’économie, l’architecture. Ils réalisent des cartographies, typographies, photographies en menant toujours une réflexion autour des politiques de la représentation.

Le travail de Société Réaliste a été présenté dans de nombreuses expositions en France, à la Biennale de Lyon en 2009, au Jeu de Paume (leur solo show  » Empire, State, Building « ) en 2011, et à la Fondation Kadist, mais aussi dans de nombreuses expositions : Budapest en 2012, Bucarest en 2011, au Wroclaw Contemporary Museum en 2012, au Dunaujvaros Institute of Contemporary Art en 2012, au Sheila C. Johnson Desing Center à New York en 2012, au Leon MUSAC en 2012, au TOP Contemporary Art Center à Shanghai en 2011, au University of Maryland Baltimore Center for Art, Design, and Visual Culture, à la Fondazione Pistoletto à Biella en 2010, etc.

Liens utiles

Eastern Sugar Kunsthalle Bratislava Société Réaliste