Geneviève Haroche-Bouzinac : « Louise de Vilmorin (1902-1969) fut non seulement cette romancière et poète dont le talent fut célébré par Jean Cocteau,  mais aussi une journaliste et une femme du monde. Elle rencontra en octobre 1937 celui qu’on appelait à Paris le comte de Presbourg,  Páli Pálffy ab Erdód. En janvier 1938, elle l’épouse à Bratislava. Une vie de conte de fées commence alors pour l’auteur de Sainte-Une fois. Elle s’installe au château de Budmerice. La nature sauvage des Petites Carpates l’émerveille. Une vie de sociabilité et de créativité commence, entrecoupée par des séjours à Vienne et à Budapest. Le recueil Fiançailles pour rire, le Sable du sablier et le roman Le lit à colonnes seront composés durant les années de Budmerice. Malgré son départ en 1944, Louise continuera à adopter pour ses tenues des éléments du vestiaire magyar et une partie de son âme restera à jamais hongroise. »

Le roman Sur les sentiments agréables d’Eva Maliti Fraňová est une histoire d’amour prenant place pendant la guerre. Elle, est l’écrivaine française Louise Lévêque de Vilmorin, que le destin a amenée en Slovaquie pendant plusieurs années. Lui, il est le comte Paul Pálffy de Erdöd. Bien que cette relation n’ait pas duré très longtemps, Louise se souvient des années dans le manoir Pálffy à Budmerice comme les plus belles. Même si le roman est une fiction d’art, il est basé sur des faits que l’auteure a étudiés à partir de chroniques, de mémoires, de littérature scientifique et de périodiques d’époque. Ce n’est pas seulement une histoire d’amour, mais également le destin des descendants des familles de la haute noblesse de Haute-Hongrie au 20e siècle.

Un mot sur les auteures participantes

Geneviève Haroche-Bouzinac, professeur émérite à l’université d’Orléans, est l’auteur d’ouvrages consacrés aux correspondances Voltaire dans ses lettres de jeunesse, (Klincksieck, 1992), L’Épistolaire (Hachette, [1995] 2000). Elle dirige la revue Épistolaire (Champion-Slatkine). Elle a publié les Souvenirs de la portraitiste de la reine Marie-Antoinette, Louise Élisabeth Vigée Le Brun (Champion, 2008) et a rédigé sa biographie, Louise Élisabeth Vigée Le Brun, histoire d’un regard, honoré du prix Chateaubriand (2011) et du Mellor Book Prize du Washington Museum of Women in the Arts (2012). Elle a été conseiller historique de la Rétrospective au Grand Palais dédiée à l’artiste (2015-2016).

En 2017, elle a consacré une biographie à Henriette Campan, femme de confiance de Marie-Antoinette et fondatrice des Maisons d’éducation de la Légion d’honneur : La Vie mouvementée d’Henriette Campan (1752-1822), distinguée par le Prix « Honneur et Patrie » de la Société des Membres de la Légion d’Honneur en 2018.

En octobre 2019, une biographie de Louise de Vilmorin, une vie de bohème, couronnée par l’Académie de Poésie, par l’Académie des littératures 1900-1950, et par le Grand Prix de la biographie littéraire de l’Académie française (2020), a fait partie de ses publications.

Conseiller historique de l’exposition consacrée à la femme de lettres Louise de Vilmorin, « Une vie à l’œuvre », octobre 2019-mars 2020, elle prépare en collaboration une réédition de son œuvre.

Eva Maliti Fraňová a travaillé comme chercheuse à l’Institut de littérature mondiale de l’Académie slovaque des sciences, où elle s’est consacrée au symbolisme russe, en particulier à l’œuvre du poète et romancier Andreï Biély. Elle est l’auteure de l’ouvrage scientifique-monographique Symbolisme comme principe de la vision (1996, 2014, édition autrichienne de Symbolismus als Ansichtsprinzip…, 2014), en 2018 elle a publié la monographie scientifique Andreï Biély / intégralité (en) multiplicité. Parallèlement, elle a étudié le sujet de l’histoire de la traduction artistique en Slovaquie et a écrit le livre d’essai scientifique Zora Jesenská : traductrice tabouisée (2007). Elle concentre son intérêt professionnel également sur l’épopée héroïque ossète Nartes, en se référant dans ses textes aux œuvres essentielles de Georges Dumézil, philologue et historien des religions français.

Elle se consacre également à l’écriture de littérature artistique, où elle s’exprime en prose et en drame. En 1994, elle a publié son premier livre de nouvelles Krpatý vrch (Montagne miniscule) et en 2011 son recueil de contes Pod jazdeckou sochou (Sous une statue équestre). Son roman acclamé Kustódi // Arianina kniha (2017) a été traduit en tchèque et a été publié en 2020 sous le titre Le livre perdu d’Ariane. Son roman Sur les sentiments agréables, qui narre l‘histoire amoureuse entre le haut aristocrate Paul Pálffy et l’écrivaine française Louise de Vilmorin, est paru en 2021. Eva Maliti est l’auteure de plusieurs pièces de théâtre à succès, telles que : Krcheň Nesmrteľný (Krcheň Immortel), Jaskynná panna (Vierge de cave), Zuzana a starci paparazzi (Suzanne et les vieux paparazzi), Hra nevedomia (Le jeu d’inconscience), Naše osvietené storočie (Notre siècle des lumières) ou Vykladačka zmyslu (Exégète du sens). Certaines ont été jouées sur les scènes de théâtres slovaques (SND, Studio 12, Théâtre de chambre de Martin, DAD Prešov), mais elles ont également été montées et présentées à l’étranger (par exemple dans le cadre du projet Atelier européen de la traduction de la scène nationale d’Orléans, France, puis au Immigrant’s Theatre, New York, États-Unis ou au Théâtre Novaya drama, Perm, Russie).

En tant que traductrice, elle s’occupe principalement de la littérature russe. En 1997, elle a traduit un recueil de drames du symbolisme russe (A. Blok, F. Sologub, V. Ivanov), elle a des traductions des romans de A. Biély Peterburg (2001, 2003, 2020) et Pigeon d’argent (2018) et bien d’autres titres. Elle a traduit et redit en slovaque l’épopée héroïque ossète Nartes (1982, 2017), ainsi que les contes de fées des peuples du Caucase de nord Nebeské zrkadlo (Miroir du ciel, 2011).

Pour ses écrits artistiques elle est lauréate des prix en Slovaquie ainsi qu’à l’étranger.